Allons droit au but : chez Pyreneance, nous, enfin je, vu que c’est moi qui décide, ne sommes pas très friands des prises de paroles sur la thématique écologico-conscienciso-moralisanto climatique (pas mal le nouveau mot non?).

Je trouve tellement gênant de voir les marques, agences, et autres consultants s’emparer du sujet du siècle, qui pour être dans l’air du temps, qui pour essayer de se donner bonne conscience, qui pour vendre plus. En fait c’est bel et bien tout en même temps ! Il faut vendre plus, et pour cela être à la mode, et si on sait de surcroît s’auto-persuader qu’on fait du bien à la planète…le tour est joué ! Sauf que dans mon petit cerveau ça ne se passe pas comme ça. Tu produis une fringue, des skis, des films, des séjours donc tu puises dans les ressources et donc tu as un impact négatif, donc tu fais partie du problème, donc tu évites, en plus, de la ramener !

Personnellement, je suis adhérent chez Surfrider Foundation depuis 20 ans, inscrit dans une AMAP depuis aussi longtemps, regarde avec un œil méfiant de marketeur averti tout ce que je consomme ou presque, et puis voilà. 

Je crame du gasoil à la tonne avec mon vieux 2.0l diesel, rachète une énième planche de surf en résine dès que j’ai deux sous, sur-équipe mon fils avec tous les vélos, skateboards ou snowboard du monde, débranche jamais mes appareils électriques, chauffe ma baraque à 20°,  consomme des Gigas de data, et même, j’ose le dire, je prends l’avion.

Quelle légitimité aurais-je alors à vous raconter comment participer au sauvetage de cette planète ?

Comment au sein de notre agence réceptive expliquer à quiconque qu’on produit des séjours éco-responsables ? Eco-responsables ? Est ce que ce mot est sérieux ? Est ce que vous êtes vraiment sérieux ?

Et allez, on en revient toujours à ce moment ou je m’agace tout seul, même derrière un clavier.

Reprenons donc notre calme. Il s’agit ici d’exposer un point de vue. Juste un point de vue.

Nous proposons à notre clientèle, composée d’entreprises (séminaires, team buildings, journées cohésion), de collectivités (classes de neige, classes découvertes), et de particuliers, des séjours et des événements en montagne, dans les Pyrénées l’été comme l’hiver. Natif du Sud-Ouest, élevé à l’entrée de la plus belle vallée du monde, surfeur et snowboarder invétéré, je prends un immense plaisir à faire découvrir nos contrées aux personnes que l’on reçoit lors de nos séjours.

Mais nous ne sommes ni Eco, ni Responsables. 

Nous poussons nos clients à venir nous visiter en train, ce qu’ils font régulièrement. Les transports lors « du dernier kilomètre » sont dans la grande majorité du temps réalisés en covoiturage, ce qui est logique. Nous travaillons avec des producteurs locaux, et c’est tout simplement normal. Mais pour tout le reste, on fait beaucoup plus partie du problème que de la solution.

Alors que ce soit lors d’échanges nourris lors votre visite chers amis Alpins de chez POW, que ce soit lors de réunions sur l’avenir des territoires auprès d’institutionnels et du Ministère du Tourisme, on réfléchit, on cogite, et on revient toujours sur le même sujet : celui du transport.

On a besoin, dans nos vallées Pyrénéennes, comme dans beaucoup d’endroits dans le monde de repenser nos systèmes de transports. Le transport en commun devrait être plus commode que le transport individuel, il devrait desservir tous les fonds de vallées, tous les villages encore habités, tous les cols et autres spots merveilleux de nos chères montagnes. Et il devrait être gratuit.

Mais quand ? La question n’est pas comment, nos plus beaux ouvrages industriels ont un siècle ! On sait faire des tunnels hélicoïdaux depuis 100 ans ! Pour aller en haut des montagnes, en train !

Alors le comment, on sait ! Mais quand…ça c’est plus compliqué.

Mais surtout, est ce qu’il est ou est ce qu’il sera encore temps ? Rien n’est moins sûr, car il me semble que la fin de notre ère est assez inéluctable. Voilà voilà…

En attendant, tout en rejetant le greenwashing, sans se passer de réfléchir un peu, et bien on s’émerveille, on se laisse absorber par la majestuosité de l’environnement qui nous entoure. On se réjouit de la chance absolue de vivre au milieu de ces Pyrénées sauvages, uniques, authentiques. On éduque nos clients par l’enchantement, on les piquouse à la beauté sauvage, on re-enchante leurs vies, même si ce n’est que le temps d’un instant.

Alors il sauront à leurs tour raconter, et pourquoi pas peut être aider à protéger ce qu’il ont aimé.

Et ces Pyrénées, ces belles montagnes, comment ne pas en être amoureux ? Demandez à Arthur et Robin, qui pour la première fois, après un périple d’une grosse journée sur les rails et une course poursuite dans le métro Parisien pour ne pas louper leurs correspondance pour Montparnasse, sont arrivés avec leurs ski à la Gare de Pau pour skier sur nôtre massif. 

C’était un jeudi du mois de Février et il faisait froid.

Il avait neigé en bonne quantité à basse altitude à la faveur d’un blocage orographique comme on les aime par chez nous. Et comme pour souhaiter la bienvenue à nos invités Alpins pour les premiers, et Nantais pour les autres, on quitta la ville sous des grosses averses de chips, de pizza de reblochons ou de bérets selon leurs appellations d’origine pour gagner le haut de la vallée d’Ossau et notre home spot d’Artouste.

La journée du lendemain ne fût alors qu’un subtil mélange de bleu et de blanc, la seule couverture nuageuse étant celle de nos respectueux mais néanmoins musclés sprays faisant voler la neige depuis nos tails. La journée ou tu oublies de manger, tu oublies que tu as soif, tu oublies que la planète est foutue. Tous les problèmes sont enterrés derrière les cris de joie poussés à la l’unisson, à la faveur d’une frénésie partagée par l’amour du ride et de cette montagne qui nous donne tant.

Emmenés par Mat Crepel Himself, jamais rassasié lorsque le menu est aussi alléchant, notre boulimie du jour a heureusement été compensée par une petite approche en peaux de phoque dans la vallée voisine (vous savez, la plus belle du monde). Là, nous attendait un bivouac monté pour l’occasion, et un petit feu de camp pour réchauffer nos petits doigts pointant les millions d’étoiles qui nous ont enveloppé pour cette nuit d’hiver en pleine montagne.

Une nouvelle matinée au ciel bleu azur nous permis de présenter à la troupe les joyaux du cirque de Lescun, j’ai nommé les aiguilles d’Ansabère, merveilleuse anomalie paysagère qui permit d’écrire parmi les plus belles histoires du Pyreneisme et de ses héros, acteur ici de prouesses ascensionnelles.

Cette beauté nous imprègne, nous envoûte encore pendant les descentes et ne nous lâchera pas jusqu’au soir du troisième jour, ou à la suite de quelques rondelles de saucifflard partagées devant un petit feu allumé dans une cabane perdue du piémont de la vallée d’Aspe, nous redescendront de notre petit nuage. Le ride, autant éphémère que fun à cette altitude, nous aura fini les jambes, régalé les semelles, et offert ces nouveaux moments uniques de partage et d’émerveillement collectif.

Ces trois jours furent un véritable voyage à travers l’hiver Pyrénéen, aussi éphémère et fragile que passionnant et envoûtant. Même quand tu connais, même quand tu as déjà fait, tu ne peux pas faire autrement que d’aimer.

Et elle est là la clé. 

Aimer ! Aimez la montagne, aimez les autres…et ça devrait bien se passer ! Inch’allah !

D’ailleurs… Nidecker, le partenaire de l’expédition, offre une planche de snow à un ou une lectrice de cet article. Pour participer au tirage au sort, répondez simplement à quelques questions via ce formulaire : https://form.typeform.com/to/vuuylVu7

La bise !

Jb

Participants : Mathieu Crepel, Arthur Vaillant, Sebastien Repeto, Robin Janvier, Hubert Terris, Jean-Baptiste Coffin

Photos : Arthur Vaillant